Le XVIIe siècle

En parlant de la littérature française du XVIIe siècle, il est impossible de passer sous silence l’influence de Louis XIV. C’est pendant le règne de ce dernier que la vie culturelle a progressé d’une façon incomparable. Ce monarque a été le protecteur des lettres et des arts, il a fait entourer les artistes d’un grand respect. La littérature du XVIIe siècle peut se diviser en 4 périodes :-


• (1600-1636) :-
L’influence de Malherbe et de l’Académie française y ont apparu clairement. D’une part, Malherbe a recommandé la purification de la langue, la clarté du style et de l’expression. D’autre part, la fondation de l’Académie française a pratiqué une influence considérable sur la vie littéraire. Fondée par Richelieu, l’Académie se donnait pour mission de fixer des règles de grammaires pour la langue, de s’éloigner des mots étrangers, de purifier le vocabulaire, de rédiger un dictionnaire et de décerner des prix littéraires.

• (1636-1661) :-
Marquée par l’influence des salons littéraires, cette période a témoigné de l’apparition de la préciosité. Une marquise nommée Rambouillet, d’origine française italienne, veillait à améliorer la manière et le langage des nobles. Son hôtel était le centre de l’apprentissage de l’analyse des sentiments de l’amour, de la bienséance et les bonnes manières.

• (1661-1685) :-
Cette période est connue par l’influence de Louis XIV et le triomphe du classicisme. Ce courant littéraire a apparu pendant la seconde moitie du XVIIe siècle, il s’est caractérisé par :-

1. le retour vers les maîtres de l’antiquité grecque et latine sans les imiter servilement mais les écrivains se sont inspirés uniquement de leurs chefs-d’œuvre.
2. l’étude de l’homme intérieur et l’analyse psychologique des personnages.
3. l’impersonnalité : le Moi est supprimé chez les classiques.
4. la domination de la raison.
5. le combat des penchants et des désirs humains.
6. la précision du vocabulaire et du style.
7. l’emploi d’une langue riche, claire et noble.

• (1685-1715) :-
C’est une période de transition, les écrivains y annonçaient le XVIIIe siècle.


Molière:-
Acteur et auteur comique, Molière est, incontestablement, l’un des grandes figures du XVIIe siècle. Ses personnages sont des types immortels, universels et symboliques enracinés dans la réalité contemporaine. Il a pu formuler sa doctrine littéraire qui révèle son art. Pour lui, la grande règle est de plaire ; une pièce est donc jugée selon son influence sur le public. Soucieux de plaire à des publics variés, Molière a eu recours à des recettes bien examinées pour amuser tout son public. S’intéressant à satisfaire son public, il a peint les caractères avec naturel et vraisemblance. Molière a pris la nature humaine pour matière essentielle de sa comédie, il a voulu peindre le ridicule des hommes. Ainsi, l’hypocrisie et les vicieuses imitations de la vertu sont-elles devenues les sujets qui l’inspirent particulièrement. A travers la peinture des caricatures de l’avarice, de la dévotion, de l’hypocrisie, Molière a excellé à attaquer les vices de son siècle. Son principal dessein était de peindre les mœurs de la société. Tartuffe constitue une caricature de la dévotion, harpagon est celle de l’avarice.

Comme l’objectif de la comédie est de représenter en général les défauts de tous les homes, cette peinture repose sur une observation si attentive que chaque être humain peut s’y reconnaitre.

De tempérament mélancolique et réfléchi, Molière a cherché dans la tragédie une profondeur que ne présentait ni la farce ni la comédie d’intrigue, il veillait à élever la comédie à un niveau égal à celui de la tragédie.

Hostile pour le pédantisme des faux savants, le mensonge des médecins ignorants, la prétention des bourgeois enrichi , Molière s'attaque aux précieuses ridicules ou aux bourgeois vaniteux, aux faux dévots et aux vrais avares, aux médecins ignorants et aux femmes savantes.

Molière a vécu pour le théâtre. Il a incarné le théâtre, il a été comédien, metteur en scène, directeur de troupe et auteur. Il se réjouit à dénoncer l'erreur, et à approuver la spontanéité.

Molière a le gout et le génie de la farce. Chez Molière, on retrouve les éléments traditionnels de la farce française et italienne.il recourt à quelques procédés comme: les gifles qui se trompent d’adresse, déguisements, jeux de scène de fantaisie. Il utilise une langue vigoureuse et joint la grossièreté des paroles à celle des gestes. Non seulement il emploie les éléments traditionnels de la farce mais encore il les a renouvelé par son génie de l’observation et de la vie. Molière a fait des pédants, des valets des êtres humains. Les pédants sont devenus des philosophes, des médecins, des précieux comme ceux qu’il observait autour de lui dans la société. Il prête aux personnages de farce des mots, des attitudes et des gestes d’une grande vérité humaine.

La farce, chez Molière, se caractérise par le mélange mesure de plaisanterie et de réalité. Cette manière de recours a la farce trouve sa raison dans le tempérament de Molière. Elle répond à son intention artistique et a sa technique dramatique. Il fait intervenir, d’une façon systématique et disciplinée, la farce pour dissiper la gravite d’une situation. La farce devient un moyen de peindre les caractères d’un personnage et d’exprimer les idées. Dans l’Avare, la discussion qui a eu lieu entre Harpagon et la Flèche, au début de la pièce, décèle le caractère de l’avare: inquiet, soupçonneux. La farce de Molière devient un moyen de rendre sensible au public une vérité morale. A travers des médiocres procédés de la farce, Molière a su faire jaillir une peinture profonde de l’âme humaine.


Racine :-
Poète tragique français, Jean Racine est considéré comme l’un des grands dramaturges classiques français . Racine a reçu une solide éducation janséniste et une large culture de la littérature, de l’apprentissage du grec et du latin. la tragédie racinienne constitue l’expression la plus parfaite de la doctrine classique .Racine a beaucoup respecter les règles. Dans sa tragédie, le jour se lève à la première scène, le dénouement survient avant la tombée de la nuit. La principale règle de la tragédie racinienne est de plaire et de toucher. Toutes ses pièces sont extraites des anciens : les personnages de l’antiquité légendaire étaient familiers au public cultivé et il leur conféraient la grandeur et la vénération.

Chez Racine, la passion est un monstre dévorant. Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit l’être . le héros racinien est condamné dès sa naissance, il ne peut jamais changer son destin : soit il a reçu la grâce divine, soit il en est dépourvu. Ainsi, on retrouve chez Racine l’influence de l’éducation janséniste. Dans la tragédie de Racine, on tue et on meurt par amour. Le héros racinien est un être égoïste, il ne peut pas se sacrifier pour sauvé l’être aimé ou pour assurer son bonheur. Si l’amour est partagé, un obstacle extérieur empêche l’union des amants : pour Britannicus et Junie, l’obstacle c’est Néron, et pour Hippolyte et Aricie, l’obstacle c’est Phèdre. D’ordinaire, la passion racinienne n’est point partagée. Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie. Pour affronter l’indifférence de l’être aimé, tous les moyens sont possiblecomme les menaces de mort. La jalousie est, dans la tragédie racinienne, la manifestation de la pqssion. Cette jalousie rend le héros impitoyable pour son rival et pour l’être aimé et comme pour lui-même. A cause de la jalousie, l’amour se retourne contre lui-même. Quand le héros s’assure d’être tahi, sa première réaction est l’explosion de la haine et du désir de vengeance. La haine est une autre forme de l’amour. Le conflit tragique repose sur une âme jalouse tiraillée entre l’amour et la haine. Racine tire un effet tragique de la contradiction entre la faiblesse de l’âme jalouse et le pouvoir absolu de l’amante ou de l’amant sur la vie de l’être aimé. La psychologie racinienne est d’une très grande vérité. Les héros tragiques poussent à l’êxtrème jusqu’à l’assassinat et au suicide. Nous comprenons toutes leurs réactions et leurs souffrances. Toutefois, Racine ne se limite pas à un seul genre de héros. A côté des passionnés criminels paraissent des figures attachantes par leur pureté. Les héros raciniens sont des êtres faibles en proie à des passions violentes, ils sont le jouet de leur passion et agissent sous sa tyrannie. Incapables de dominer leurs sentiments, ils sont puissants sur le destin d’autrui et font ainsi le malheur des autres et leur propre malheur. Les héros sont donc aveuglés par leur passion qui leur ôte toute liberté. Leur orgueil exaspère leur passion et attise leur jalousie. L’essence du tragique racinien réside dans l’inutile combat de l’homme contre son destin. Le héros racinien est un être maudit et victime de la haine des dieux, rappelant par là le héros de la tragédie grecque.